DRC: Une année après le massacre de Kilwa: la procédure judiciaire patauge

Communique de presse conjoint: Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains/Rights & Accountability in Development

Un an après la commission des crimes contre l’humanité par les troupes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) commandées par le Colonel Adémar Ilunga à Kilwa en octobre 2004, les victimes et leurs familles n’ont toujours pas accès à la justice, ont constaté et condamné l’ACIDH et le RAID dans un rapport rendu public.

Communique de presse conjoint: Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains/Rights & Accountability in Development

Un an après la commission des crimes contre l’humanité par les troupes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) commandées par le Colonel Adémar Ilunga à Kilwa en octobre 2004, les victimes et leurs familles n’ont toujours pas accès à la justice, ont constaté et condamné l’ACIDH et le RAID dans un rapport rendu public.

La réaction des autorités gouvernementales s’est quasiment limitée à disculper de toute responsabilité l’entreprise minière « Anvil Mining » qui, d’après de sérieux témoignages et son propre aveu, avait fourni aux troupes incriminées, les moyens logistiques qui ont servi à la commission des crimes, constate le rapport . Douze mois après le massacre, les corps des victimes gisent encore dans des fosses communes.

Le rapport, intitulé : « Rapport conjoint sur Kilwa : une année après le massacre d’octobre 2004 » fait un récapitulatif des réactions et des témoignages après ce massacre au cours duquel il est allégué qu’une centaine de personnes auraient été sommairement exécutées et des violations graves des Droits Humains, y compris des actes de pillage, auraient été commis contre la population civile. Comme en témoigne par ailleurs, Monseigneur Fulgence Muteba, Evêque de Kilwa- Kasenga dans son message du 16 septembre 2005 qui dénonce une « insécurité permanente » au cours de laquelle les FARDC et d’autres groupes armés perpétuent des « violations massives des Droits Humains » contre la population Katangaise.

Après la publication en juin 2005 du documentaire sur l’incident de Kilwa par « Four Corners », un programme de la chaîne de télévision australienne « ABC », plusieurs réactions ont été enregistrées par rapport à ces événements. La société Anvil Mining a multiplié communiqués de presse et rapports circonstanciés ; une campagne contre les ONGDH a été déclenchée par l’attaché de presse du Gouverneur de la province du Katanga, en juillet 2005. Dans l’entre temps, la MONUC complique la procédure d’obtention de son rapport d’enquête .

Les deux ONG s’interrogent en outre, si des rapports remis par la société minière à la bourse canadienne et australienne, et à la Banque Mondiale sur les événements de Kilwa peuvent être dignes de foi ?.

Le rapport conclut par un questionnement sur entre autres le temps écoulé pour mettre en mouvement l’action publique sur un massacre que plus personne ne conteste ; l’insouciance de l’autorité sur le sort des victimes survivants, des témoins et l’inhumation digne des êtres humains pour les victimes décédées ; la vaste campagne pour laver la compagnie minière quand l’opinion demande des enquêtes pour rétablir les faits.

Enfin, le rapport recommande :
Au gouvernement de la République Démocratique du Congo, de :
·Donner l’accès à la justice pour les survivants ;
·Octroyer des sépultures dignes d’êtres humains pour les victimes décédées ;

A la justice militaire congolaise : de conduire le procès encours contre Adémar Ilunga et consort en toute indépendance et impartialité;

A la MONUC, la publication de son rapport d’enquête pour éclairer l’opinion congolaise ;

A la police fédérale australienne de mener une enquête approfondie pour résoudre les questions restées sans réponses sur le rôle d’Anvil Mining.

A la Banque Mondiale.

D’établir si les exigences et les garanties relatives au soutien accordé au projet Anvil Mining dans une situation post-conflit ont été satisfaites

Fait à Lubumbashi et Oxford, le 14 octobre 2005

ACIDH & RAID