Europe - Afrique : Le nouveau contexte d'un partenariat
Les 8 et 9 décembre 2007, les chefs d'Etat et de gouvernement d'Europe et d'Afrique se sont retrouvés à Lisbonne, pour un sommet. C'était le deuxième du genre, après la première rencontre tenue au Caire, en 2000. L'objectif était de définir uen «nouvelle stratégie conjointe» de partenariat. Les sept années qui ont passé entre les deux rendez-vous ont bouleversé le cadre des relations internationales et inscrit les relations euro-africaines dans un nouveau contexte. La dimension sécuritaire qui a marqué le monde avec le 11 Septembre a fait place à d'autres préoccupations. Mais il y a surtout que l'Afrique est devenue, entre temps, le continent de tous les enjeux, de tous les «appétits». De nouveaux partenaires se sont signalés, qui ont commencé à profiter des lacunes du partenariat Europe-Afrique.
Le «vieux continent», qui s'est longtemps appuyé sur les privilèges liés à l'héritage continental, doit faire face aujourd'hui aux offensives de la Chine, de l’Inde, du Brésil, etc. Des pays qui s'affirment sur la scène mondiale et qui offrent de nouveaux cadres de coopération plus favorables pour l'Afrique. Entre autres exemples, Pékin importe 32% de ses besoins d'hydrocarbures d'Afrique et a investi 16 milliards de dollars dans ce secteur, sur le continent.
La rencontre de Lisbonne est donc arrivée à un moment où l'Europe peine dans ses relations avec l'Afrique. La plupart des pays africains rejettent les Accords de partenariat économique que l'Union européenne veut leur faire signer avant la fin de l'année 2007. Des accords qu'ils jugent inéquitables et dangereux, à terme, pour les économies africaines. Cette question n'était pas prévue à l'agenda des discussions, mais son actualité l'a imposée. Pour le reste, il s'agissait de se pencher sur les questions liées aux changements climatiques et aux migrations, à côté de l'agenda traditionnel portant sur la bonne gouvernance, la paix et la sécurité.
Avec ce 2e sommet Europe-Union africaine, auquel ont participé les chefs d'Etat et de gouvernement des 52 membres de l’Union africaine, en plus du Maroc, ou leurs représentants, face aux 27 Etats-membres de l’Union européenne, ou leurs représentants, il était question de définir des orientations à la coopération future. Pour le président de la Commission africaine, Alpha Oumar Konaré, qui a prononcé un discours lors de la cérémonie d'ouverture de ce sommet, cette coopération doit se faire sur la base de la compréhension, du respect mutuel et de la sauvegarde des intérêts réciproques. Son allocution faisait écho à celles du Premier ministre portugais, José Socrates, du président de la Commission européenne, M. Jose Manuel Barrosso, du président de l'Union africaine, M. John Kuffour, entre autres.
Pambazuka News vous propose le discours par M. Konaré à cette occasion.
Lisbonne a aussi servi de cadre, les 8 et 9 décembre, à un «contre sommet» organisé par les organisations de la société civile pour manifester leur «opposition et résistance aux politiques néolibérales que les gouvernements européens et africains mettent en œuvre dans nos pays, et dont ils veulent faire le cadre structurant du « Partenariat stratégique Afrique-UE.» Vous pouvez lire leur déclaration finale dans la rubrique «Plaidoyer et campagne».
* Tidiane Kassé est rédacteur en chef de l'édition française de Pambazuka News
* Veuillez envoyer vos commentaires à ou commentez en ligne sur www.pambazuka.org