Remercier Samir Amin alors qu’il célèbre ses 80 ans
Dans son analyse, Samir Amin est resté optimiste et stratégique. Il n’a jamais succombé à l’anti-impérialisme de façade mais il a mis l’accent sur l’importance critique des analyses concrètes des conditions réelles. Ainsi, lorsqu’on a lu les ouvrages de Samir Amin on ne se retrouve pas avec la tête bourrée de platitudes rhétoriques mais plutôt avec un éclairage nouveau sur des questions qui méritent d’être approfondies, étudiées, débattues.
Bien que je n’aie rencontré Samir Amin qu’à la fin de 2010, j’avais étudié ses travaux pendant des décennies, y trouvant une analyse supérieure et de l’inspiration. En fait, après avoir lu nombre de ses ouvrages, j’étais mal préparé pour rencontrer la personne en chair et en os. Il était très terre à terre, incroyablement drôle, avec une capacité d’écoute peu commune chez quelqu’un qui a rang d’icône,
Il y a beaucoup de raisons à saluer le travail de Samir Amin et qui n’est pas dû à ses 80 ans. Le temps et l’espace qui me sont dévolus ne me permettent pas d’en mentionner plus d’une : son analyse de l’implication de la convergence des crises dans les Etats providence occidentaux, du soi-disant socialisme du bloc soviétique et des projets populistes nationalistes du Sud global. L’importance de cette analyse réside dans le fait qu’elle permet de mieux comprendre la conjoncture dans laquelle nous évoluons.
Amin a amené la gauche à comprendre que les défis auxquels nous faisons face ne se relèvent pas par la seule volonté. Ainsi il nous a armé contre le volontarisme. Mais pour la gauche, de ne pas réussir à comprendre et à transcender les alternatives non révolutionnaires du capitalisme, crée un vide idéologique et politique. L’apparition de ce vide a pour conséquences que la réponse à la réorganisation globale et la rapacité du capitalisme ont pris des formes diverses, y compris le cynisme, l’anarchie, les mouvements sociaux de résistance, les fondamentalismes religieux ainsi que les variantes de gauche et de droite d’anti-impérialisme. En d’autres termes, ces trois crises notées par Amin ont conduit au désarroi face à la crise à laquelle doit faire face le capitalisme lui-même
Dans son analyse, Amin est resté optimiste et stratégique. Il n’a jamais succombé à l’anti-impérialisme de façade mais il a mis l’accent sur l’importance critique des analyses concrètes des conditions réelles. Ainsi, lorsqu’on a lu les ouvrages de Samir Amin on ne se retrouve pas avec la tête bourrée de platitudes rhétoriques mais plutôt avec un éclairage nouveau sur des questions qui méritent d’être approfondies, étudiées, débattues.
La gauche globale, les anti-impérialistes progressistes et les panafricanistes ont une dette de reconnaissance à l’égard de Samir Amin. En plus de ses analyses, il nous a aidé à opérer sur le long terme dans notre lutte pour le socialisme, ce qui est révolutionnaire, marxiste, démocratique et émancipateur
Bon anniversaire, frère Samir
* Bill Fletcher Jr est un militant et un écrivain international pour la justice raciale et le travail. Il fait partie du comité de rédaction de BlackCommentator.com et co-auteur de Solidarity Divided
* Veuillez envoyer vos commentaires à [email protected] ou commentez en ligne sur Pambazuka News