Mettre un point final aux coups d’Etat en Guinée-Bissau
Le processus de transition mis en place en Guinée-Bissau par la CEDEAO, après le putsch survenu en avril dernier, est dénoncé comme une légitimation des atteintes portées à l’ordre institutionnel, voire un « second coup d’Etat». Un appel est lancé pour rejeter l’initiative de la CEDEAO et demander une solution venant des Nations Unies.
Au Conseil de Sécurité des Nations Unies,
Dans la nuit du 12 au 13 avril 2012, les dirigeants des Forces Armées bissau-guinéennes ont interrompu les élections présidentielles et ont emprisonné les principales figures de l'État, y compris le candidat vainqueur du premier tour et ancien Premier ministre. Depuis, les auteurs du coup d'État ont mis en place, avec la complicité de certains secteurs de l'opposition civile, un pouvoir basé sur des attaques aux droits humains et civiques des citoyens, interdisant l'exercice du droit de manifestation, restreignant le droit à voyager de figures importantes de la société bissau-guinéenne par le biais de la diffusion de liste noires et établissant un climat de menace et d'intimidation.
Ayant obtenu la libération et l'exil forcé de l'ancien Premier ministre et du président de la République, la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) dont la Guinée-Bissau est membre, a imposé, dans la nuit du 10 mai, le nom d'un président de transition, celui-là même que le Comando Militar, auteur du coup d'État, avait peu avant recommandé. Cette pseudo tentative de stabilisation vient ainsi consacrer et perpétuer le recours à la violence et la force militaire comme forme légitime de prise du pouvoir. Le slogan de la CEDEAO “Tolérance zéro pour les coups d'États” s'est ainsi vu bafouer de manière exemplaire par une intervention que de nombreux citoyens et citoyennes bissau-guinéens qualifient désormais de “second coup d'État”.
Le rejet du coup d'État militaire, les dénonciations de violations des droits humains et civiques, les inquiétudes face à la rapide dégradation de la situation économique, sanitaire et alimentaire des populations, le sentiment de peur face au caractère arbitraire du pouvoir en place constituent les principaux éléments des divers documents, manifestes, témoignages et positionnement des citoyennes et citoyens bissau-guinéens et des organisations de la société civile qui ne se reconnaissent pas dans ce nouvel épisode de conquête du pouvoir par la force et exigent que, cette fois, la légalité soit rétablie, garantissant la paix et la sécurité de la population.
Nous, citoyennes et citoyens qui reconnaissons dans l'Organisation des Nations Unies le garant de la volonté légitimement exprimée par les peuples:
- dénonçons les processus de légitimation du coup d'État ;
- nous opposons à l'envoi d'une force armée, en dehors du cadre des Nations Unies, ayant pour objectif l'imposition de solutions anticonstitutionnelles et irrespectueuses de la volonté exprimée par le peuple bissau-guinéen ;
- exigeons des Nations Unies et d’autres instances internationales la condamnation et la sanction pour tout acte de persécution et de terreur politique ainsi qu'une contribution active et sans ambigüité visant le rétablissement de l'ordre constitutionnel et la reprise du processus électoral interrompu par le coup d'État.
CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS
PREMIERS SIGNATAIRES:
- Alain Corbel, Illustrateur, France,
- Boaventura De Sousa Santos, Sociologue, Portugal,
- Carlos Sangreman, Professeur universitaire, Portugal,
- Corsino Tolentino, Chercheur, Cap-Vert,
- David Sogge, Chercheur, Pays Bas,
- Ernst Schade, Photographe, Pays-Bas,
- Fatima Proença, Dirigeante associative, Portugal,
- Isabel Maria Casimiro, Professeur universitaire, Mozambique,
- José Eduardo Agualus, Écrivain, Angola,
- José Manuel Pureza, Professeur universitaire et Chercheur, Portugal,
- Juan Carmelo Garcia, philosophe, Espagne,
- Leopoldo Amado, Historien, Guinée-Bissau,
- Luis Cardoso, Écrivain, Timor-Leste,
- Luis Moita, Professeur universitaire, Portugal,
- Manecas Costa, Musicien, Guinée-Bissau ,
- Maria Da Conceiçao Lima, Écrivaine, São Tomé et Príncipe,
- Maria Da Conceiçao Osorio, Chercheuse, Mozambique,
- Pedro Rosa Mendes, Écrivain, Portugal,
- Silvia Roque, Chercheuse, Portugal,
- Stéphane Laurent, Dirigeant associatif, Portugal,
- Teresa De Almeida Cravo, Enseignante universitaire, Portugal
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