Le plus long et le plus ignoré des conflits territoriaux africains

Bien que reconnu internationalement, le Sahara occidental reste sous occupation en raison d’un vaste réseau d’intérêts stratégiques et géopolitiques des pays voisins et de leurs alliés occidentaux.

Le conflit du Sahara Occidental est l’une des disputes territoriales africaines qui perdurent depuis le plus longtemps. Le territoire est disputé par le Maroc et le Front du Polisario. Lequel, le 27 février 1976, a formellement proclamé un gouvernement en exil de la République démocratique arabe sahraouie (Rasd). La République autoproclamée est membre de l’Union africaine depuis 1984. Elle a été reconnue par plus de 80 nations. Dans l’intervalle, le problème a été à l’agenda des Nations Unies depuis 1966 et pourtant la communauté internationale a échoué dès lors qu’il s’agit de trouver une solution appropriée entre les deux parties concernées. La raison de cet échec est le manque d’intérêt de la communauté internationale et la lutte pour le pouvoir des puissances occidentales dans la région stratégique de l’Afrique du Nord.

En 2007, le royaume du Maroc a proposé un plan d’autonomie qui "donnerait à la population du Sahara occidental, le contrôle de ses affaires au travers d’institutions législatives, exécutives et judiciaires sous l’égide du de la souveraineté marocaine" [1] Le plan fût rejeté par le Front Polisario et le professeur Jacob Mundy a écrit un article expliquant pourquoi. [2] Ce document présente les aspects historiques, politiques et légaux du conflit du Sahara Occidental et évalue le rôle des puissances régionales et extérieures dans le conflit : l’Espagne, l’Algérie, la France et les Etats-Unis. (Voir : The forgotten of Western Sahara)

CONTEXTE HISTORIQUE

Essentiellement, la question du Sahara Occidental semble être un simple cas d’autodétermination : elle relève de l’exigence d’une population de pouvoir décider de son statut politique sur son propre territoire. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que le conflit est bien plus complexe et unique. Il y a différentes dimensions : historiques, politiques, économiques, sociales et émotionnelles. Afin de comprendre la complexité du conflit, il est important de mettre en lumière le contexte historique de cette dispute qui perdure.

Le Sahara Occidental est situé dans la partie du nord de l’Afrique, le long de la côte atlantique. Il a des frontières avec l’Algérie à l’est, avec le Maroc au nord et au sud avec la Mauritanie. Le pays est principalement du désert de basse altitude, plat avec quelques petites montagnes au sud et au nord-est. Sur le plan ethnique, la population du Sahara Occidental est composée d’Arabes, de Berbères et d’Africains noirs. La plupart sont musulmans. Ils sont connus sous le non de population sahraouie. Sa population totale est estimée à 573 000 habitants, avec 100 000 réfugiés qui vivent à Tindouf en Algérie. Le territoire contient des ressources naturelles lucratives, y compris le phosphate, des gisements de fer, du sable et d’immenses zones de pêches le long de la côte atlantique. [3]. La langue officielle est l’arabe et l’espagnol.

Compte tenu de sa situation stratégique, le Sahara Occidental a toujours été une région disputée, convoitée par plusieurs puissances mondiales qui se sont combattues pour en saisir le contrôle. L’Espagne s’est emparée de la région en 1884 sous le commandement du capitaine Emilio Bonelli Hernando. En 1900, une convention déterminant la frontière sud du Sahara espagnol, était signée entre la France et l’Espagne. Deux ans plus tard, la France et l’Espagne ont signé une autre convention qui démarquait les frontières du Sahara Occidental. L’Espagne a dû faire face à une vaine résistance militaire de la part des chefs sahraouis

Toutefois, un autre mouvement sahraoui structuré – le Harakat Tahrir Saguia El Hamra wa Uad Ed-Dahab- a été formé par Mohammed Bassriri en 1969. [4] En 1970, le mouvement de Bassriri a organisé une grande manifestation pacifique à Zemla (El Aaiun), demandant le droit à l’indépendance, qui s’est terminée avec le massacre de civils et l’arrestation de centaines de citoyens. [5]

L’échec de ce mouvement a conduit à l’établissement d’un front plus uni et organisé qui incluait tous les groupes sahraouis politiques et de résistance. Le mouvement a été nommé Frente Popular para la Liberación de Saguia el Hamra y de Rio de Oro, plus connu sous son acronyme de Polisario. En 1973, le Front était mené par Al Wali Mustafa . Son objectif était d‘effacer la colonisation espagnole du Sahara Occidental. En 1974, l’Espagne proposait un plan d’autonomie local qui prévoyait que les Sahraouis géreraient leurs propres affaires mais que la souveraineté resterait celle de l’Espagne. Le plan fût rejeté et la lutte militaire continua.

Deux ans plus tard, le roi Hassan II a ordonné une marche, connue ironiquement sous le nom de la Marche verte, avec des drapeaux marocains, des portraits du roi et des copies du Coran (le livre sacré de l’islam). C’était une marche à laquelle participait plus de 350 000 personnes, sous la conduite du roi et de son armée. [6] Le 14 novembre 1975, l’accord tripartie de Madrid était signé entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie ; lequel divisait le Sahara Occidental entre les deux pays africains cependant qu’il sauvegardait les intérêts économiques de l’Espagne en matière de pêche et de phosphate. [7] L’accord soulignait aussi la fin du contrôle espagnol sur les territoires mais non celle de sa souveraineté. L’Espagne restait la puissance administrative légale du Sahara Occidental.

Suite à l’accord de Madrid, le Maroc a envahi le territoire depuis le nord et la Mauritanie depuis le sud. Des milliers de Sahraouis ont fui et se sont réfugiés dans le désert du sud algérien, près de la ville de Tindouf. Ils y vivent depuis plus de trois décennies. Les Nations Unies ont toujours refusé d’accepter l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc et la Mauritanie et continuent de classer le territoire comme n’étant pas gouverné de façon indépendante, ce qui signifie qu’il s’agit d’une région qu’il reste à décoloniser. [8]

LE SAHARA OCCIDENTAL ET LE DROIT INTERNATIONAL

L’implication des Nations Unies au Sahara occidental remonte au 16 décembre 1965, lorsque l’Assemblée générale adoptait sa première résolution sur ce qui était alors nommé le Sahara espagnol. La résolution demandait à l’Espagne de prendre toutes les mesures requises pour décoloniser le territoire en organisant un referendum qui permettrait à la population sahraouie de choisir l’intégration à l’Espagne ou l’indépendance. Le gouvernement espagnol avait promis d’organiser le référendum mais il n’a jamais tenu parole.

Dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les Nations Unies déclarent que chacun a droit à une identité nationale et que personne ne devrait être privé de façon arbitraire de ce droit ou du droit de changer de nationalité. [9] L’autodétermination est considérée comme un droit de des peuples dotés d’un territoire de décider de leur propre statut politique. Raison pour laquelle, le 13 décembre 1974, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution (n° 3292) qui demandait à la Cour de justice internationale (Cji) un avis de droit, le plus tôt possible, sur les questions suivantes : le Sahara Occidental (Saguia El Hamra y Rio de Oro), au moment de la colonisation par l’Espagne, était-il un territoire n’appartenant à personne (terra nullus) ? Si la réponse à cette question était négative, alors se pose la question des liens entre ce territoire et le Royaume du Maroc et l’entité mauritanienne ? [10]

En réponse à la première question, la Cour a répondu : Non. Le Sahara occidental n’était pas une «terra nullus». En fait le Sahara Occidental appartient à un peuple : "Habité par des peuples, lesquels, si nomades, étaient socialement et politiquement organisés en tribus et menés par des chefs habilités à les représenter"[11] En d’autres termes, le Cji a déterminé que le Sahara Occidental appartenait à un population autochtone, les Sahraouis, au moment de la colonisation espagnole.

Pour la deuxième question, la Cour n’a trouvé aucune preuve de liens légaux entre les territoires souverains du Sahara occidental et le Maroc. Par conséquent, le Cji a déterminé que la population autochtone sahraouie était le pouvoir souverain du Sahara Occidental, connu précédemment sous le nom de Sahara espagnol. Toutefois, le Maroc et la Mauritanie ont ignoré la décision de la Cour et ont quand même envahi le Sahara Occidental. Il s’en est suivi que le Polisario mène une guerre nationaliste contre les nouveaux envahisseurs. En 1979, la Mauritanie a renoncé à toute prétention sur sa partie du territoire et a signé un traité de paix avec le Front du Polisario à Alger. [12]

Par contre, la guerre s’est poursuivie entre les forces du Polisario et l’armée royale du Maroc, jusqu’à ce que, en 1991, les Nations Unies instaurent un cessez-le-feu entre les belligérants.

La même année, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 690 (29 avril 1991) qui établit la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum dans le Sahara occidental (Minurso). Il appelait pour un referendum qui devait offrir un choix entre l’indépendance et l’intégration au Maroc. [13]

Toutefois, tout au long de la décennie suivante, le Maroc et le Polisario divergeaient sur l’identité de l’électorat du référendum, chacun voulant s’assurer des électeurs qui promettaient l’issue désirée. Le Polisario maintenait que seul les 74 000 personnes recensées par les Espagnols en 1974 devraient pouvoir voter, pendant que le Maroc voulait que des milliers d’autres, qui n’avaient pas été comptés en 1974 pour avoir fui au Maroc, puissent accéder aux urnes.

En 1997, des discussions sous l’égide des Nations Unies à Houston (Accord de Houston), entre le Maroc et le mouvement du Polisario, présidées par James Baker, ancien secrétaire d’Etat américain, ont vu les deux protagonistes se mettre d’accord pour éliminer tous les obstacles rémanents à la tenue d’un référendum. En janvier 2003, Baker a présenté un compromis "qui ne requiert pas le consentement des deux parties à chaque étape de l’application". Ceci devait mener au referendum dans les quatre ou cinq ans, lors duquel les électeurs choisiraient soit l’intégration au Maroc, soit l’autonomie ou l’indépendance. [14]. Le Polisario a accepté le plan mais le Maroc a refusé de même le considérer. En 2004, James Baker démissionnait de son poste d’envoyé spécial pour le Sahara Occidental. Son successeur, Peter van Walsum, a juré de faire appliquer la résolution.

En 2007, le Conseil de Sécurité des Nations adoptaient la résolution 1783, qui demandait aux deux parties, le Maroc et le Front du Polisario, d’entrer dans les négociations en toute bonne foi afin de résoudre le conflit. [15]. Les négociations devaient avoir lieu sous la supervision de l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara Occidental, le diplomate hollandais Peter van Walsum. Ce dernier avait remplacéle diplomate américain Christopher Ross en août 2008.

Depuis 2007, les parties se sont engagées dans des séries de négociation sous les auspices des Nations Unies, mais il n’y a pas eu de progrès. Chacune des parties tient fermement à sa position comme unique option pour une résolution durable. Malgré la situation de ni guerre ni paix qui perdure depuis 21 ans, les deux belligérants persistent à vouloir résoudre le problème dans le cadre du droit international. La question se pose dès lors de savoir pourquoi le droit international a échoué à résoudre ce problème.

Selon l’ancien envoyé personnel des Nations Unies pour le Sahara Occidental, le droit international a échoué pour deux raisons principales : premièrement la faiblesse du droit international lui-même. Il n’y a pas de mécanisme pour imposer les résolutions, et même si il y en avait, ils ne pourraient être appliqués dans le cas du Sahara occidental parce que ce conflit est régi par le Chapitre VI (solution pacifique des disputes). Ce qui implique que le Conseil de sécurité ne peut faire usage de la force pour promouvoir une solution entre des parties qui diffèrent. Deuxièmement, le soutien politique américain et français continu au Maroc au sein du Conseil de sécurité ont miné une solution juste et durable [16] Ainsi le Maroc continue d’occuper illégalement les territoires disputés.

ROLES ET INTERETS DES ACTEURS REGIONAUX ET INTERNATIONAUX

Malgré la légalité et la légitimité du peuple sahraouie dans sa lutte pour le droit à l’autodétermination, la question du Sahara occidental est liée à la géopolitique, empêchant ainsi une solution juste et durable du conflit. Afin d’obtenir une meilleure compréhension de l’impasse du conflit, il est essentiel d’analyser les positions de toutes les parties concernées : Polisario et le Rasd, le Maroc, l’Espagne, l’Algérie, la France et les Etats-Unis

LE FRONT POLISARIO ET LA RASD
La position du Front Polisario a été claire et constante. Le mouvement veut que la population du Sahara Occidental puisse exercer son droit à l’autodétermination, sur la base de l’hypothèse que ceci mènerait à une nation indépendante au Sahara Occidental. Le Polisario a déclaré la Rasd en février 1976 et contrôle les 20% du territoire. La République autoproclamée bénéficie du statut de membre à part entière de l’Union africaine et a été reconnue par plus de 80 nations. La motivation première du Polisario est le droit à l’autodétermination. Il estime que la population a souffert des invasions espagnoles et marocaines et que donc, elle mérite de décider de son sort politique qui lui réserverait un futur meilleur. C’est une affirmation endossée par les Nations Unies depuis1966.

LE MAROC
La position du Maroc dans cette dispute est très claire et aussi constante que celle du Polisario. Il veut que le Sahara Occidental fasse intégralement partie de son territoire, avec des revendications de souveraineté basées sur des récits historiques. Son armée contrôle les 80% de ce territoire. [17]

Il y a différents intérêts en jeu dans la position du Maroc. Premièrement, le conflit est très important pour la stabilité de la monarchie marocaine. Elle l’utilise pour gagner de la légitimité et du soutien populaire. Zartman note que "l’utilité politique de ce problème consiste en la création d’un lien commun et d’une croyance dans le système politique depuis 1974, imposant des contraintes sur l’attitude politique de ce gouvernement ou de n’importe quel gouvernement". [18] Deuxièmement les aspirations du Maroc dans la région contribuent aussi au maintien du conflit. Rabat s’efforce d’être un acteur dominant dans la région de l’Afrique du Nord. Hormis les intérêts politiques, le Sahara Occidental représente aussi des intérêts économiques pour le Maroc. La région contient de grands gisements de phosphate et d’autres ressources naturelles qui contribuent à l’économie marocaine. [19]

L’ESPAGNE
D’un point de vue légal, l’Espagne est toujours l’administrateur colonial du Sahara occidental. En 1975, elle a remis les territoires en mains marocaines et mauritaniennes à la condition que le point de vue des Sahraouis soit pris en compte. En d’autres termes, l’Espagne n’a pas renoncé à sa souveraineté sur ce qui était sa cinquante-troisième provinces. Par conséquent, la Cour internationale de justice a statué en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Néanmoins le Sahara occidental demeure non décolonisé. Selon Arts et Pinto, l’objectif principal de l’Espagne dans les années 1970 était d’éviter un conflit armé avec les combattants du Polisario. Par conséquent, elle a remis le territoire au Maroc et à la Mauritanie. L’Espagne était occupée à mettre en place un nouveau système politique après la mort de son dirigeant, le Generalissimo Franco. Toutefois, de nos jours, l’Espagne se trouve confrontée à un dilemme : honorer ses engagements légaux internationaux ou sauvegarder ses intérêts géopolitiques. [20]

Zoubir et Darbouche affirment que les Espagnols se sont efforcés de maintenir des relations équilibrées avec l’Algérie, le Maroc et les Sahraouis. Pourtant sa position a aussi été basée sur des intérêts stratégiques dans la région. L’actuel gouvernement d’Espagne a lié la sécurité de l’Espagne à celle du Maroc. Il estime que la coopération avec le Maroc dans divers domaines comme celui de l’immigration illégale et le terrorisme est crucial pour l’Espagne. De plus, l’Espagne a bien conscience de l’importance stratégique de ses autres voisins du sud, en particulier l’Algérie qui est un important producteur de pétrole et de gaz. C’est un partenaire économique et politique de Madrid dans la région. Ainsi "la neutralité positive de l’Espagne sur la question du Sahara Occidental fait partie d’une tentative plus large de l’Espagne de s’imposer à nouveau comme acteur dans le Maghreb" [21]

L’ALGERIE
L’Algérie a été un supporter principal et durable du mouvement Polisario. Il fournit au mouvement indépendantiste un soutien politique, militaire et logistique vital. L’Algérie se tient du côté du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ce qui s’explique de deux façons : l’une est l’adhésion à un principe légal et politique qui est le droit à l’autodétermination, l’autre est la lutte pour la suprématie dans la région au travers d’une approche géopolitique. Comme le souligne Yahia Zoubir et Hakim Darbouche, l’intérêt principal de l’Algérie dans le conflit dérive de l’irrédentisme de son voisin. En effet, le Maroc a des prétentions territoriales sur le sud de l’Algérie qu’il a même considéré devoir saisir par la force des armes en automne 1963.

En plus des intérêts géostratégiques claires, la lutte historique de l’Algérie pour l’indépendance a déterminé ses priorités diplomatiques initiales, fondées sur le précepte du droit à l’autodétermination et à la décolonisation. [22] De plus, l’Algérie luttait et lutte toujours pour la suprématie régionale au détriment du Maroc. Selon Shelley, dès 1970, la vision du président algérien Boumedienne pour son pays était que l’Algérie devait être le Japon de l’Afrique. Il voulait positionner l’Algérie comme le chef de file économique et politique de la région du Maghreb. Par conséquent, l’Algérie doit garder son soutien à un Sahara Occidental indépendant.

LA FRANCE
La France a été le principal soutien aux positions du Maroc dans le Sahara Occidental. Elle a été constante dans son soutien, plus que n’importe quel autre puissance extérieure à ce conflit qui perdure. En fait la France a menacé à plusieurs reprises de faire usage de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies si celles-ci décidaient d’imposer une solution indésirable pour le Maroc. Selon les experts de ce conflit, la position française dérive d’intérêts géopolitiques et géostratégiques. Pour la France, la préservation et la protection du régime marocain étaient et demeurent importants afin de conserver son influence économique, politique, militaire et culturel en Afrique du nord, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. [23]. Compte tenu du fait que l’Algérie est un supporter majeur du Polisario, et en raison des relations très complexes de la France avec l’Algérie qui sont la conséquence de la colonisation, la France favorise le Maroc.

Zoubir et Darbouche affirment que le nationalisme algérien est souvent en porte à faux avec les politiques françaises : seule l’Algérie a demandé que le France se repente de son passé colonial. [24] De plus, la France se tient au côté du Maroc en raison de sa compétition avec les principales puissances comme les Etats-Unis et l’Espagne pour une sphère d’influence dans la région de l’Afrique du Nord. Comme l’affirme clairement Zoubir et Darbouche, par sa forte présence politique et économique au Maroc, la France espère non seulement couper l’herbe sous les pieds aux Américains et à leur influence croissante dans la région, mais aussi empêcher l’établissement d’un Etat sahraoui indépendant, dont la population est hispanophone et donc susceptible d’être davantage influencée sur le plan culturel et économique par l’Espagne. [25]

Par conséquent, le Sahara Occidental étant l’unique colonie espagnole dans la région, la France ne permettrait pas un Etat indépendant qui mette en péril son influence dans une région qu’elle considère comme étant sa sphère d’influence. Hormis ces éléments, il y a des facteurs économiques et commerciaux qui dictent la position française sur la question du Sahara Occidental. La France est le principal partenaire commercial du Maroc et son principal investisseur. [26] Il s’en suit qu’il est inévitable que la France maintienne la même position dans ce conflit.

LES ETATS-UNIS
Selon les experts en la matière, le rôle des Américains a débuté lorsque la guerre a éclaté en 1975. Les administrations de Ford, de Carter, de Reagan ont fourni de l’assistance financière et militaire pour l’invasion et l’occupation du Sahara occidental par le Maroc, entre 1975 et 1991. Les administrations Bush et Clinton ont gardé une position de retrait sur la question du referendum prévu par les Nations Unies entre 1992 et 1996. Toutefois, l’implication la plus substantielle des Etats-Unis a été celle de l’ancien secrétaire d’Etat américain, James Baker, envoyé spécial des Nations Unies au Sahara occidental entre 1997 et 2004. Mais il a démissionné après sept ans, sans avoir réalisé de progrès substantiels. Depuis 2003, le point de vue de l’administration américaine a été de dire que le conflit devait se résoudre entre les parties tout en maintenant un soutien non déclaré pour le plan d’autonomie marocain : autonomie locale sous la souveraineté marocaine [27]

Bien que les Etats-Unis adhèrent, en principe, au droit à l’autodétermination, les Américains sont favorables au Maroc pour des raisons similaires à celles de la France. Les Etats-Unis ont apporté avec constance leur soutien politique et militaire décisifs au Maroc sans toutefois ouvertement soutenir les revendications irrédentistes du Maroc ou reconnaître sa souveraineté sur le Sahara Occidental. [28] Il y a différents facteurs qui ont contribué à la position américaine dans ce conflit. Karin Arts et Pedro Pinto reconnaissent que durant la Guerre froide le Maroc était considéré comme le meilleur allié des Etats-Unis et des intérêts occidentaux dans la région. Malgré le fait que les Soviétiques n’ont jamais soutenu le mouvement nationaliste sahraoui, les Etats-Unis craignaient l’émergence potentielle d’un Etat prosoviétique au Sahara occidental. [29] En fait, le Maroc et ses supporters soulignent encore que les fondateurs du mouvement Polisario étaient des léninistes, des guévaristes et des sympathisants maoïstes. [30]. De plus, en août 2004, Baker confirmait ce point en disant que le soutien américain au Maroc était raisonnable parce que "au temps de la Guerre froide, le Front Polisario était aligné sur Cuba et la Libye et d’autres ennemis des Etats-Unis, pendant que le Maroc était très proche de ces derniers". [31] De plus, le Maroc est un allié principal des Etats-Unis en matière de sécurité. Zoubir et Darbouche soulignent que depuis les évènements du 11 septembre et la guerre globale contre le terrorisme, de nombreux officiels américains favorisent le Maroc sur les questions de sécurité. En outre, affirment-ils, le Maroc est au bénéfice de puissants lobbies qui endossent la position du Maroc au Congrès. [32]

CONCLUSION

En conclusion, le conflit du Sahara Occidental est l’un des conflits les plus négligés et des plus oubliés des conflits territoriaux africains dans le monde d’aujourd’hui. Selon les Nations Unies, le Sahara occidental demeure la dernière colonie africaine. Toutefois, en matière de géopolitique, le statu quo de ni guerre ni paix semble être le résultat le moins dommageable. Le conflit a été dans l’impasse depuis es années et une solution acceptable à tous les protagonistes semble loin d’être atteignable. Ce que le futur réserve à cette dispute persistante reste obscur. Seul l’avenir le dira.

BIBLIOGRAPHIE


1. Karin Arts and Pedro Pinto Leite. International Law and the Question of Western Sahara. Rainho and Neves, Lda (Santa Maria da Feira), 2007

2. Tobby Shelly. Endgame in the Western Sahara: What Future For Africa’s Last Colony. Zed Books: 2004

3. Hakim Darbouche, Yahia Zoubir. Conflicting International Policies and the Western Sahara Stalemate ;International Spectator, 43:1, 91-105

4. Maghreb Arab Press. 08 October 2012. Sahara Issue.http://www.map.ma/eng/sections/sahara/morocco_s_autonomy_p364/view>.

5. United Nations Regional Information Center for Western Europe. 8 October 2012. Universal Declaration of Human Rights.http://www.unric.org/index.php?option=com_content&task=view&id=105&Item…>.6. Wikipedia. 8 October 2012. United Nations list of Non-Self-Governing Territories.http://en.wikipedia.org/wiki/United_Nations_list_of_Non-Self-Governing_…>.

7. Encyclopedia Britannica. 8 October 2012. Green March. http://www.elpais.com/iphone/index.php?module=iphone&page=elp_iph_visor…
9. MINURSO Mandate. 8 October 2012. MINURSO United Nations Mission for the Referendum in Western Sahara.http://www.un.org/en/peacekeeping/missions/minurso/mandate.shtml>

10. Jerome Larosch, “Caught in the Middle: UN Involvement in the Western Sahara Conflict”, The Hague, Netherlands Institute of International Relations. Clingendael Diplomacy Papers. No.11, 2007

11. The International Court of Justice: Western Sahara Advisory Opinion . 26April 201. 




]http://en.wikipedia.org/wiki/Madrid_Accords>






NOTES


[1]
[3] Conflict resolution in Western Sahara, p. 2


[4] History of Western Sahara and Spanish colonization, p. 92


[5] History of Western Sahara and Spanish colonisation, p. 92


[6]

[8]

[10] ICJ, Western Sahara Advisory Opinion, 1975, 12-68 and

[14] Conflict resolution in Western Sahara, p.93


[15]

[28] Conflicting International Policies and the Western Sahara Stalemate, p.100


[29] End Game in the Western Sahara: What Future for Africa’s Last Colony, p. 9


[30] International Law and the Question of Western Sahara, p.290


[31] Conflicting International Policies and the Western Sahara Stalemate, p. 100


[32] International Law and the Question of Western Sahara, p.291



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** Aluat Hamudi, est un étudiant sahraoui provenant des camps. Il fait des études en Master sur Analyse et transformation des conflits à l'Université de Notre Dame, Indiana, Usa - Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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