Migrants africains au Moyen Orient et en Afrique du Nord : Un besoin de lignes séparées de théorisation
L’Egypte et le Maroc sont devenus des pays affectés par la sévérité accrue des régimes migratoires occidentaux. Ces politiques sont la cause d’une accumulation de migrants sur leurs territoires, alors qu’ils étaient auparavant vus comme temporaires, sur le passage du flux migratoire depuis l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest. Et autant l’Egypte et le Maroc sont connus comme "pourvoyeurs de migrants" et ont mis en place des politiques destinées à gérer l’émigration de leurs citoyens respectifs, autant ils n’on guère d’expérience comme receveur d’immigrants qu’il s’agit d’intégrer.
Les Etats des régions du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) sont principalement considérés comme étant des "pourvoyeurs" de migrants, malgré le fait qu’ils deviennent aussi des pays d’installation pour les migrants africains. Ce phénomène est le résultat direct des contrôles frontaliers de plus en plus sévères mis en place par les Etats occidentaux depuis la fin de la guerre froide (de Haas 2007, Adepoju et al 2009, Fargues 2009, Szmagalska-Follis 2011).
L’Organisation internationale des migrations (Oim) désigne ces pays anciennement de transit comme "pays d’installation par défaut", impliquant le fait qu’ils considèrent ces migrations permanentes ou semi-permanentes comme indésirables. Généralement, les pays de destination - aussi appelés "pays d’immigration" ou "pays traditionnels d’installation" - ont été les pays occidentaux. [1] S’ils peuvent s’avérer accueillants pour les migrants qui ont réussi à passer les frontières, ils ont trouvé de nouveaux moyens pour fortifier leurs territoires au cours des deux dernières décennies, afin d’empêcher des migrants indésirables d’y parvenir. Que ce soit des obstacles physiques comme des barricades, des systèmes de scanning biométriques ou des zones spéciales établies pour surveiller des migrants illégaux sur le territoire d’un autre Etat.
En dépit de ces programmes de sécurisation accrue, les migrants continuent de quitter leur pays d’origine, bien que rares sont ceux qui parviennent jusqu’en Europe ou le pays désiré, en raison du coût prohibitif et des dangers encourus (de Haas 2007). De plus, le coût d’un voyage de retour dans son propre pays est souvent trop élevé et les opportunités trop limitées pour que cette option soit désirable. Par conséquent les migrants choisissent la meilleure solution disponible : demeurer dans des pays de transit pour une période indéfinie. Pour de nombreux migrants africains, ces nouvelles destinations se trouvent dans la région Mena.
Par exemple, l’Egypte, le pays le plus peuplé du monde arabe, attire les migrants en raison d’une importante présence du Hcr ainsi que des programmes privés de sponsorship vers le Canada, l’Australie et les Etats-Unis (Grabska, 2006). Ce système de réinstallation constitue une attraction importante pour ceux qui souhaitent être réinstallés et attire surtout des migrants de la Corne de l’Afrique. Pourtant les mesures prises après le 11 Septembre par les pays occidentaux, pour renforcer le contrôle à leurs frontières et pour contenir la migration, signifient que le nombre de migrants réinstallés à partir de l’Egypte est relativement faible : en moyenne 3000 par ans (Kagan 2011). [3] Les migrants en Egypte sont ainsi particulièrement affectés par la diminution des programmes légaux de réinstallation de réfugiés.
A l’instar de l’Egypte, le Maroc a longtemps été considéré comme un pays de transit. Pendant près de cinq décennies, il a servi de pays final de transit sur une des routes de migration des plus populaires depuis l’Afrique vers l’Europe. Mais en raison de l’augmentation constante des coûts et des difficultés pour atteindre l’Europe, le Maroc lui-même est devenu une option pour les migrants sub-sahariens. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux se sont établis dans des villes comme Tanger, Casablanca et Rabat sur une base semi-permanente (de Haas et Nijmegen 2005).
Aussi bien l’Egypte que le Maroc sont par conséquent devenus des pays affectés par la sévérité accrue des régimes migratoires occidentaux. Ces politiques sont la cause d’une accumulation de migrants dans des pays où ils étaient auparavant vus comme temporaires, sur le passage du flux migratoire depuis l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest. Mais autant l’Egypte et le Maroc sont connus comme "pourvoyeurs de migrants" et ont mis en place des politiques destinées à gérer l’émigration de leurs citoyens respectifs, ils n’on guère d’expérience comme receveur d’immigrants qu’il s’agit d’intégrer.
COMPORTEMENTS PASSES : L’EGYPTE ET LE MAROC
Quels genres de traitement peut-on attendre de la part de ces nouveaux pays de réinstallation à l’égard des migrants africains ? Si l’on se base sur les attitudes passées, on peut s’attendre à des traitements totalement négatifs. L’attitude du gouvernement égyptien à l’égard des populations africaines migrantes au cours des deux dernières décennies ont été ambivalentes, ponctuées d’incidents violents et d’exclusion, dépendant du groupe de migrants en question et de la période. Un des exemples les plus extrêmes de la politique violente à l’égard des migrants a été le massacre de 26 migrants soudanais, tués par les services de sécurité égyptien après qu’ils ont refusé de se disperser lors d’une manifestation devant les bureaux du Hcr dans le quartier très résidentiel de Mohnadiseen, au Caire, en 2006 (Salih 2006). L’Etat égyptien déporte aussi, périodiquement, des migrants africains politiquement actifs s’il les considère comme une menace pour la sécurité de l’Etat.
La Maroc a également une histoire de violence à l’égard des migrants africains, de même qu’une longue histoire de soumission aux requêtes des pays européens pour des politiques renforcées de sécurité aux frontières. (Boubakri 2013) La France et l’Espagne, principaux partenaires commerciaux du Maroc (la France acquérant le tiers des exportations du Maroc et fournissant le quart des importations du Maroc, alors que l’Espagne accueille un tiers des exportations du Maroc pour fournir un dixième de ses importations - Arango et Martin 2005), pressions de ces deux pays concernant le renforcement des politiques de migration remontent au moins au début de l’an 2000.
Depuis la fin 2001, le gouvernement marocain a ainsi mis opéré une augmentation visible des mesures de police internes et de sécurité à sa frontière, soutenu et encouragé par les Européens, afin de combattre "le crime transfrontalier", les immigrations illégales et le trafic de drogues et d’armes (Médecins sans Frontières).
Ceci a pour conséquence l’augmentation dramatique et à large échelle de raids indiscriminés dans les communautés de migrants subsahariens au Maroc, avec des descentes quotidiennes dans la région frontalière avec l’Algérienne et dans des faubourgs spécifiques de villes comme Rabat, Fès et Tanger (ibid). Les migrants subsahariens arrêtés au cours de ces raids sont déportés la nuit, en masse, vers la frontière algérienne et expulsé dans le "no man’s land" qui sépare les deux pays.
Qu’est-ce qui explique ce genre de comportement à l’égard des migrants africains dans les pays du Mena ? Est-ce la nature singulière de ces Etats d’être hostiles à l’égard des non musulmans ou des non arabes ? La singularisation se réfère à l’idée que la communauté étatique est constituée d’une seule identité collective spécifique incarnée par l’Etat (Butenschon 2000).
La plupart des Etats du Mena incarne un type particulier de singularisme : l’Etat islamique. Dans ces pays, la religion et l’Etat se superposent à différents niveaux (Brown 2002). A l’exception de la Syrie, du Liban et de la Turquie (et bien sûr Israël) ces pays déclarent l’islam comme religion d’Etat et la loi islamique comme source, et parfois source principale de la loi (Brown et al. 2006)
Toutefois, même dans les pays où l’islam est spécifiquement mentionné dans la Constitution, le caractère islamique de l’Etat est en tension avec d’autres écoles de pensées comme le panarabisme et la conception moderne et séculaire de l’Etat/nation. Le panarabisme signifie que chaque pays arabe individuel participe d’une "nation arabe" plus large. Il a été une idéologie proéminente à différents moments et sous différentes formes tout au long du 20ème siècle. Pourtant une autre école de pensée, celle du régionalisme, rejette l’idée du panarabisme et affirme que la division moderne du monde arabe en des Etats/nation, et l’émergence subséquente de nationalisme individuel au niveau des pays , est le trait définissant les pays arabes modernes. (Abu Sahlieh 1996)
Pourquoi ces différentes conceptions ont-elles une importance pour les migrants résidant dans ces pays ? Comme l’affirme Abu Salieh (1996), si une conception purement musulmane de l’Etat est adoptée, alors chaque musulman fait partie de la ummah islamique (nation) et peut voyager où il veut dans le dar al islam (la terre de l’islam), avec les mêmes droits que d’autres musulmans. Si le concept du panarabisme est adopté, alors les citoyens arabes ont des droits auxquels les non Arabes ne peuvent accéder puisqu’ils sont considérés comme étrangers. Enfin, si le concept moderne d’Etat/nation est adopté, seuls les citoyens de cet Etat peuvent bénéficier de tous les droits et les autres sont considérés comme étrangers peu importe leur religion. (Ibid)
Abu Salieh (1996) note cependant que le concept de l’Etat/nation moderne semble avoir triomphé, en ce qui concerne la citoyenneté et le droit de résidence, des éléments des autres écoles de pensées qui sont aussi présentes, d’où une tension persistante les unes avec les autres. Par exemple, certains pays arabes donnent la préférence dans le domaine de la naturalisation aux adhérents de l’islam, et d’autres, comme l’Egypte, ont des règles spécifiques pour des co-ethnies ou d’autres Arabes (Parolin 2009)
Si les conceptions islamiques ou régionales des Etats arabes dominent en terme de législation et de politique à l’égard des étrangers, cela signifie-t-il que les migrants africains seront nécessairement confrontés aux politique d’exclusion alors qu’ils résident dans les Etats du Mena ? Non. Il y a deux exemples récents en Egypte et au Maroc qui démontrent l’importance de nombre d’autres facteurs dans la détermination des politiques à l’égard des migrants qui ne sont pas simplement les caractères religieux et culturels.
LES SYRIENS EN EGYPTE ET LA REFORME DE L’IMMIGRATION AU MAROC
Le premier cas concerne des réfugiés syriens en Egypte. Lorsque les Syriens ont commencé à affluer en masse en 2012, le président Mohamed Morsi les a relativement bien reçus comparativement aux populations africaines établies depuis plus longtemps. Morsi a annoncé, en septembre 2012, que tous les réfugiés syriens pourraient inscrire leurs enfants à l’école quel que soit leur statut auprès du Hcr, un service qui n’est pas étendu à tous les groupes de réfugiés. Il leur également donné accès à tous les services de santé. Il est plausible que la préférence manifestée à l’égard des Syriens, à la différence des migrants africains, est liée à l’idée perversive du lignage commun à tous les Arabes et le soutien de la part de la population égyptienne pour des migrants de même ethnie et de même religion.
Toutefois, la rhétorique de l’ancien président Mohamed Morsi concernant les Syriens pointe davantage vers une idéologie sectaire et islamique plus qu’elle n’est basée sur des affinités ethniques. Comme il l’a clairement démontré juste avant sa destitution, Morsi soutenait les forces d’opposition syrienne au point de couper les relations diplomatiques avec le gouvernement de Bashar al Assad. Le 15 juin 2013, deux semaines avant le coup d’Etat militaire, Morsi, lors d’une manifestation de masse au Caire, a annoncé qu’il fermerait l’ambassade syrienne en Egypte et que "le peuple égyptien et l’armée soutenaient le soulèvement syrien" (Al Ahram 2013). Soutenir publiquement les Syriens était donc une façon pour Morsi de stimuler ses propres partisans parmi les factions islamiques à l’intérieur de l’Egypte.
Suite au coup d’Etat du 3 juillet 2013, les réfugiés syriens ont de nouveau été utilisés par les dirigeants politiques mais de façon très différente. Pendant que l’accès aux écoles et aux services de santé était maintenu par le gouvernement militaire, l’attitude de facto a changé dramatiquement. Les réfugiés syriens ont alors été l’objet d’une campagne médiatique orchestrée par le gouvernement les dépeignant comme des terroristes alliés aux Frères musulmans et aux partisans de l’ancien président Mohamed Morsi. Entre juillet et décembre 2013, Human Rights Watch a documenté plus de 1500 cas de refoulement, c'est-à-dire retour forcé en Syrie (Human Rights Watch 2013)
Pour les militants égyptiens, les Syriens étaient des cibles faciles permettant au gouvernement de renforcer les politiques sécuritaires de l’Etat. Sous l’ancien président Mohamed Morsi, la politique à l’égard des Syriens était utilisée pour glaner du soutien additionnel des factions islamique en Egypte en démontrant une affinité avec les groupes révolutionnaire de Syrie. Les politiques d’exclusion des Syriens sous le nouveau régime, sous l’appellation "de mesures de sécurité de l’Etat", ont été mises en place pour maintenir un climat de peur à l’égard des étrangers et ainsi légitimer davantage les actions des militaires.
Le traitement des réfugiés syriens suite au coup d’Etat montre que les affinités ethniques ne mènent pas nécessairement à des politiques accommodantes à l’égard des étrangers et que les migrants africains ne sont pas le seul groupe à subir de tels traitements en Egypte.
Le deuxième cas est en relation avec des développements politiques au Maroc concernant les migrants. Lors d’une réunion tenue le 10 septembre 2013, en présence du roi Mohammed VI et de plusieurs officiels politiques, la discussion a porté sur l’élaboration "d’une nouvelle politique exhaustive sur l’immigration" qui veut tenter de normaliser la situation de tous les migrants au Maroc, que ceux-ci proviennent de l’Afrique subsaharienne ou d’ailleurs. (Lebbar 2013)
Que le terme "intégration" ait été utilisé au cours de la réunion, reconnaissant ainsi que les migrants ne retourneront pas chez eux dans un avenir proche, est significatif. Toutefois le bureau du roi a aussi noté, dans sa déclaration à la presse, qu’il ne sera pas capable d’offrir l’intégration à tous les migrants qui souhaiteraient s’installer dans le pays. La déclaration toutefois a nié l’usage de force systématique de la part de la police, en contradiction flagrante avec les conclusions du rapport final de Médecins sans frontières (Msf) publié juste avant que cette organisation ne mette fin à son opération au Maroc en mars 2013, en protestation contre la violence.
Enfin, conjointement à cette loi sur l’asile, les autorités marocaines ont annoncé un processus de régularisation pour six catégories de migrants illégaux, y compris les cas humanitaires, les personnes mariées à un Marocain depuis plus de deux ans et leurs enfants ou des migrants qui peuvent prouver qu’ils ont vécu au Maroc depuis de cinq ans. (UnHcr 2013).
Cette réunion sur de nouvelles politiques d’immigration et ses promesses de réforme majeure peut encore s’avérer être de la poudre aux yeux face aux allégations de mauvais traitements en provenance de différentes Ong, compte tenu que le gouvernement marocain n’a pas la réputation d’être particulièrement réceptif aux requêtes d’organisations internationales s’occupant de migrants. Pourtant il est possible que la pression ressentie par le roi lors de la révolution silencieuse au Maroc en 2011, pour maintenir un ordre économique et social, pourrait expliquer sa volonté d’engager une réforme des politiques d’immigration et d’entendre les recommandations des Ong.
Au Maroc, la société civile locale a pu travailler conjointement avec des organisations de migrants et les organisations internationales, jouant peut-être un rôle pour rendre proéminentes les questions de migration. Ceci peut avoir contribué à rendre inextricable les difficultés des migrants et plus généralement celles de citoyens marocains, aidant ainsi à placer la question de la migration dans la dynamique générale du changement social qui a été au centre de la mobilisation de la société civile marocaine depuis la révolution de 2011.
CONCLUSION : DEVELOPPER UNE NOUVELLE THEORIE
Ces deux cas démontrent que l’attitude à l’égard des migrants africains dans les pays du Mena n’est pas déterminée par leur seule origine africaine. Le cas de l’Egypte montre que des migrants d’origine arabe, spécifiquement des réfugiés syriens, subissent la même exclusion et les mêmes traitements violents aux mains de l’Etat égyptien. De même, le cas du Maroc montre que des gouvernements arabes peuvent être ouverts et considérer une politique d’accommodement à l’égard des migrants africains si des encouragements existent.
De façon générale, nous devons prendre en compte différents facteurs : les circonstances politiques et économiques du pays hôte, les relations avec les pays voisins et l’Etat du pays d’origine, ainsi que les relations entre les migrants africains et la population locale, Ce n’est qu’à ces conditions que nous pouvons espérer une théorie exhaustive capable d’explique les traitements des migrants africains qui réside de façon semi permanente dans les pays du Mena.
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** Kelsey P. Norman est doctorante dans le département de Science politique à l’université de Californie à Irvine. Sa thèse examine les migrants en Egypte, au Maroc et en Turquie et ses écrits ont été publiés dans Jadaliyya , the post colonialist, The Cairo review of global affairs et Critical investigations into humanitarianism (CIHA) blog – Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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