Nos Etats se sont beaucoup fourvoyés en matière de politique agricole
Les décideurs politiques africains doivent réfléchir davantage avant de se lancer dans des programmes agricoles. Et cette réflexion ne peut se mener à l’exclusion du mouvement paysan. Tout doit commencer et se terminer par les producteurs à la base. Faute de se plier à une telle évidence, on s’est souvent fourvoyé. Il y a quelques années, au Mali, on a beaucoup motivé le paysan à se lancer dans la culture du coton. Où en est-on aujourd’hui ? A un constat d’échec.
Les intrants et le matériel étaient sur place, mais on s’est rendu compte, au niveau des producteurs que nous sommes, que beaucoup de paramètres n’avaient pas été maîtrisés. Ni à la base, ni au niveau de l’Etat. Le drame c’est qu’on avait laissé la culture du riz, du mil pour se lancer dans le coton. Ce qui, justement, nous faisait vivre.
Aujourd’hui, le Mali revient au riz, avec une initiative qui occupe une place importante dans le secteur agricole. Les résultats sont appréciables, mais là encore, il ne sert à rien de produire si d’autres en profitent pour vivre sur le dos des paysans. Or, des spéculateurs se sont saisis de très grandes quantités de riz qu’ils ont bloqués. Le Malien ne vit toujours pas de son riz et les prix restent à des niveaux inaccessibles. On se disait que le kilogramme de riz, principale nourriture des populations, allait baisser jusqu’à 200 ou 250 francs, mais on est toujours 300 à 400 francs (environ 1 $). On se demande à qui cette politique du riz a servi. Quand l’Etat lance un programme et laisse des spéculateurs ruiner des efforts de millions de paysans, on se pose des questions sur les volontés politiques ou sur les capacités de nos Etats à faire preuve d’indépendance.
* Lalayssa Niaré est responsable commerciale de la Maison du Karité de Siby, au Mali
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