Soudan : La lutte des femmes soudanaises pour la ratification du protocole
Quarante-six gouvernements africains ont signé le Protocole de la Charte africaine pour les droits humains et des peuples et les droits de la femme en Afrique, dit «Protocole de Maputo». Il garantit une panoplie de droits aux femmes africaines y compris l’égalité, la non discrimination sur la base du genre, la protection contre les pratiques culturelles néfastes et la violence domestique, un salaire égal, des bénéfices conjoints, une reconnaissance de la valeur du travail de la femme au foyer et des congés maternité payés.
Quarante-six gouvernements africains ont signé le Protocole de la Charte africaine pour les droits humains et des peuples et les droits de la femme en Afrique, dit «Protocole de Maputo». Il garantit une panoplie de droits aux femmes africaines y compris l’égalité, la non discrimination sur la base du genre, la protection contre les pratiques culturelles néfastes et la violence domestique, un salaire égal, des bénéfices conjoints, une reconnaissance de la valeur du travail de la femme au foyer et des congés maternité payés.
Quatre-vingt dix millions de femmes sur le continent sont des survivantes de pratiques culturelles néfastes et illégales comme la mutilation génitale. En Gambie, pas moins d’une femme sur deux ont subi la pratique. Dans toute l’Afrique, la plupart des femmes pauvres et marginalisées subissent quotidiennement des violences physiques, psychologiques ou structurelles dans leurs lieux de travail, à la maison et même en public. En Ouganda, dans les districts évalués, 41 % des femmes ont fait état d’abus et de la violence qu’elles subissent aux mains de leur mari, d’ami masculin ou de membres de la famille.
Dans ces circonstances, un nombre disproportionné de femmes (57%) sont affectées par le virus du Vih/sida. Nombre d’entre elles sont de jeunes femmes. Selon l’Union africaine, le sida, la malaria et la tuberculose diminuent de 1-2% la croissance économique annuelle et abaissent la longévité de 25%. Les avortements dans des conditions insalubres et des services de santé reproductives médiocres coûtent 250 000 vies chaque année.
L’entrée en vigueur du Protocole de Maputo en novembre 2005, après que les 15 pays requis l’aient ratifié, et bien que seul 29 des 53 pays du continent l’aient ratifiés à ce jour, offre des perspectives intéressantes. Les 21 dispositions du Protocole abordent de façon complète la discrimination contre les femmes, les pratiques culturelles néfastes et le droit à participer pleinement dans les sphères économiques, politiques et sociales. C’est un instrument de fabrication autochtone adopté par les gouvernements africains au plus haut niveau, après 8 ans de consultations.
Au Soudan, une large frange du gouvernement et des acteurs de la société civile sont opposés à certaines sections du protocole.
POURQUOI LE SOUDAN DEVRAIT RATIFIER LE PROTOCOLE
Le Soudan devrait ratifier le Protocole parce qu’il est estimé qu’il offre un cadre légal puissant et protecteur du droit des femmes en comparaison avec des protocoles ou conventions existants. En fait, il comprend des dispositions détaillées et innovantes du droit des femmes à participer, sans discrimination, au processus décisionnel et à être représentée à égalité avec les hommes dans tous les processus électoraux. Le protocole exige des Etats parties, entre autres, de garantir le droit reproductif des femmes, le planning familial, le droit à la santé, l’accès à la justice et l’égalité devant la loi. Tous ces éléments sont très importants pour les femmes soudanaises et la ratification et l’intégration de ces dispositions dans les lois nationales contribueront à éliminer les lois discriminatoires contre les femmes, à protéger leurs droits et permettront au Soudan de montrer le chemin de la protection des droits des femmes, de l’amélioration des prestations de soins de santé maternelle, de la diminution des mariages précoces et des pratiques traditionnelles néfastes et de l’abandon de l’école par les filles, etc.
POURQUOI CE RETARD DANS LA RATIFICATION ?
Certaines des dispositions du Protocole comme la question de l’égalité, de l’égalité devant la loi et l’héritage, le contrôle de la fertilité sont encore débattues parmi les législateurs, les chefs religieux et les politiciens. Même des groupements de femmes ont des réserves. L’égalité se est vue par certains fondamentalistes religieux comme étant contraire à l’islam ! Et ce bien que ces droits aient été préalablement inexistants et ne contreviennent pas à la dignité et ne font pas obstacle à la jouissance de leurs droits.
COMMENT LE RETARD AFFECTE LE STATUT DES FEMMES
Ce retard va affecter les progrès réalisés par des organisations féminines soudanaises qui ont travaillé à la promotion du droit des femmes, et à protéger les acquis en matière de droit à la santé reproductive, la fin de la discrimination légale et de la violence contre les femmes.
QU’EST-CE QUI EST REQUIS ?
- Approcher les différentes parties intéressées et obtenir leur soutien pour la ratification du protocole. Forger des liens avec des militants d’autres pays africains.
- Coordonner les plans pour des actions gouvernementales afin d’obtenir l’engagement en faveur de la ratification du protocole et maintenir le dialogue avec les fonctionnaires du gouvernement.
- Compiler les informations sur le progrès, le résultat et les défis dont d’autres pays font l’expérience dans la promotion et la protection des droits des femmes en Afrique.
- Des représentations pour influencer le gouvernement afin qu’il accélère le processus de ratification du protocole en faveur des femmes.
- Au travers de contact direct avec le chef d’Etat et les responsables, mettre l’accent sur l’intégration dans le droit national.
- Augmenter le nombre d’organisations féminines utilisant le protocole de l’UA comme cadre pour la promotion et la protection des droits des femmes pauvres et marginalisées
- Faciliter la participation des membres nationaux dans la campagne de promotion continentale
- Participer à des évènements nationaux afin d’intégrer des actions continentales au niveau national
- Pour améliorer l’information diffuser et partager le travail des campagnes nationales au niveau continental et international.
* Sidiga Washi est professeur des sciences de la famille et de la consommation, de nutrition communautaire et ancienne doyenne de l’Ecole de Sciences de la santé et de la famille à l’université de Ahfad pour les femmes soudanaises. Actuellement elle travaille comme professeur de nutrition communautaire au département de Nutrition et santé au collège de ‘’Nourriture et Agriculture’’ à l’Université des Emirats arabes. - Traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger
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