Je crois en une Afrique où les femmes et les filles sont en sécurité

Etre une jeune femme africaine est peut-être l’identité la plus à risque sur le continent. Mais il y a une reconnaissance croissante que le progrès de l’Afrique sera directement déterminé par la qualité de l’amélioration de la vie de ses femmes et ses filles

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Je crois en une Afrique où les femmes et les filles sont en sécurité. Une Afrique qui protège leur bien-être et crée un environnement leur permettant de réaliser leurs aspirations. Au regard des travaux des Etats africains dans le domaine de l’égalité des genres, je suis convaincue que le continent se dirige vers un autre épisode négatif dans l’octroi de moyens aux femmes ou une révolution pour le droit des femmes.

Les jeunes femmes africaines sont sujettes à des pratiques traditionnelles néfastes comme le mariage des enfants, la mutilation génitale féminine et tout ce qui ôte leur autonomie aux filles et met leur santé en péril. Pratiques qui augmentent les risques de contracter des infections sexuellement transmises, y compris le Vih, et sont en partie à l’origine de grossesses et de naissance à complications, cause principale de mortalité chez les jeunes femmes de 15-19 ans en Afrique.

Des pratiques comme le mariage des petites filles les exposent à la violence. Mariées, ces filles mariées courent un plus grand risque de violences sexuelles et domestiques que lorsqu’elles ne le sont pas.

L’Afrique doit faire ce qui est juste pour les jeunes femmes qui, plus qu’un groupe démographique vulnérable, représentent la voie par laquelle les nations africaines peuvent atteindre l’objectif de développement. Nous savons que lorsque nous investissons dans les filles, la famille et la communauté profiteront des retombées bénéfiques qui en découleront. Pour chaque année supplémentaire passée dans une école secondaire, les filles peuvent gagner 25% de plus une fois l’âge adulte atteint. Des femmes instruites et autonomes feront des enfants lorsque cela sera moins dangereux pour leur corps de les porter et sont plus capables de négocier des pratiques sexuelles sans risque avec leur partenaire

Ayant participé cette année au 20ème sommet de l’Union africaine en Ethiopie, je crois qu’une reconnaissance plus forte se dégage sur le fait que le progrès en Afrique sera directement déterminé par la capacité des Etats à améliorer la vie des femmes et des filles. En marge du sommet, M. Boni Yayi, président de la république du Bénin, a convié les chefs d’Etat africains à une discussion sur le thème "Renforcer la campagne pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle en Afrique". Les orateurs ont proposé trois pistes cruciales pour diminuer la mortalité maternelle sur le continent. A savoir une éducation sexuelle complète, la garantie d’un accès à des cliniques prénatales à des prix abordables pour les femmes enceintes et l’élimination du mariage des petites filles.

Je crois que c’est notre rôle, à nous jeunes Africains, est de faire pression sur nos dirigeants pour que ces discussions se transforment en actions concrètes pour garantir la santé des mères africaines. En cela, l’élément le plus important est de mettre un terme au mariage des enfants, élément crucial pour mettre fin à la mortalité maternelle et à la violence contre les femmes et les filles. Selon une étude récente du professeur Anita Raj et de l’université de San Diego en Californie, une réduction de 10% du mariage des petites filles pourrait diminuer de 70% le taux de mortalité maternelle dans un pays.

Pour mettre un terme au mariage des petites filles, les Etats doivent dépasser le confort des discussions pour introduire de façon contraignante l’âge minimum du mariage à 18 ans, âge qui a été universellement accepté Devant l’existence d’une dualité légale dans la plupart de nos pays, les dirigeants doivent s’assurer que le système est en vigueur partout, particulièrement là où le droit coutumier reste la base de justification de la pratique. Des peines plus lourdes doivent être infligées aux contrevenants, y compris l’introduction d’amendes substantielles pouvant alimenter les programmes destinés à soutenir les filles mariées.

Ceci va nécessiter un leadership révolutionnaire qui défie les normes existantes et crée des mécanismes durables garantissent la justice aux femmes et aux filles. Le thème de la Journée de l’enfant africain en 2013 a été consacré au thème "Eliminer les pratiques sociales et culturelles nuisibles qui affectent les enfants : notre responsabilité collective". Le concept de "notre responsabilité collective" est particulièrement pertinent, parce que mettre un terme au mariage des enfants nécessite l’engagement de toute la société civile, des gouvernements, des organes régionaux comme l’Union africaine et des chefs de communautés.

La Journée de l’enfant africain offre une occasion aux dirigeants africains de déclarer leur engagement quant au mariage des enfants et autres pratiques qui ont des conséquences. Un bon début serait que les dirigeants africains s’engagent à faire respecter l’âge légal minimum du mariage.

Comme jeunes Africains nous prenons la tête de la campagne avec l’espoir qu’en défendant le droit à la santé de nos mères et de nos sœurs, nous forcerons les dirigeants de notre continent à agir avec énergie pour la défense des femmes. Comme jeunes citoyens du continent, nous faisons appel à nos dirigeants pour qu’enfin jaillisse l’étincelle de la révolution du droit des femmes.

CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS



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** Yemurai Nyoni est une Zimbabwéenne avocate de la santé sexuelle et reproductive, âgée de 23 ans. Une version de cet article a été publiée par allafrica.com - Traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

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